Dans quelques jours, c’est Noël ! Ou Winachte comme on dit chez nous, ce qui signifie : les nuits sacrées. Cette fête porte bien son nom, puisque cette période de l’année est effectivement très sacrée en Alsace. Impossible de passer à côté des nombreuses traditions, rites et symboles encore bien ancrés même en 2020 et avec la privation des marchés de Noël en Alsace cette année…
L’ALSACE BERCEAU LEGENDAIRE DU SAPIN DE NOEL
Aujourd’hui nous avons tous notre petit sapin qui trône fièrement dans nos maisons dès le début du mois de décembre, mais saviez-vous que c’est à Sélestat que la première mention de l’arbre de Noël aurait été faite en 1521 ? Ce manuscrit est d’ailleurs encore conservé à la Bibliothèque Humaniste de la ville. Une tradition qui ne date donc pas d’hier !
Les sapins étaient à l’époque suspendus au plafond, décorés de pommes rouges et d’hosties. L’un rappelant le fruit de la tentation et l’autre la redemption.
Au fil des années, on y ajoutera des roses en papier, des noix décorées de feuilles de papier dorées et argentées. Ces décorations sont ensuite peu à peu remplacées par des friandises : des bredeles ou encore du pains d’épices. A l’époque, on décorait tout simplement nos sapins de noël avec ce dont nous disposions.
A voir chaque année, à l’Eglise Saint Georges à Selestat, 10 sapins suspendus qui retracent l’histoire et l’évolution de l’Arbre de Noël.
A l’Eglise Sainte Foy, c’est un incroyable lustre composé de 173 boules de Noël en verre soufflé de Meisenthal que tu pourras admirer…
LES BOULES DE NOEL DE MEISENTHAL
La légende raconte, que c’est en 1858, une année de sécheresse où les pommes venaient à manquer dans les Vosges du Nord, qu’un souffleur de verre eu l’idée de créer des boules en verre soufflé pour les remplacer aux côtés des cheveux d’anges, des clochettes et des guirlandes lumineuses.
Depuis, la boule de Noël en verre soufflé est devenue incontournable sur nos sapins alsaciens mais aussi dans le monde entier, et Meisenthal, est devenu le berceau de la boule de Noël. Chaque année, le Centre International d’Art Verrier, le CIAV, produit une boule unique et originale pour faire perdurer cette belle tradition.
Tu souhaites te plonger dans la féérie de Noël en Alsace ? Voici mon article “Les Marchés de Noël incontournables en Alsace”
LES PERSONNAGES DE NOEL EN ALSACE
Quand j’étais petite, chaque 24 décembre, nous passions le réveillon chez mes grand-parents avec tous mes cousins. Et chaque année, les bruits des clochettes de Christkindel et les pas lourds des sabots de Hans Trapp dans le couloir, venaient interrompre l’heure de l’apéritif. Nous leur chantions des mélodies de Noël ou leur récitions des poésies avant de recevoir nos cadeaux si nous étions sages l’année qui venait de s’écouler…
Chriskindel apportait les cadeaux aux enfants en Alsace, avant l’arrivée du Père Noël en 1945 (une origine qui ne nous vient pas d’Alsace d’ailleurs comme beaucoup le pense à tort)
C’était toujours une jeune femme vêtue d’une longue robe blanche, d’un voile et d’une couronne sur la tête. Elle représentait selon la religion protestante au 18è-19è siècle, l’enfant Jésus. Etant représenté par une jeune femme grâcieuse, bienveillante et douce, elle est devenue au fil des années, symbole d’espérance et de lumière.
Hans Trapp ou Rübelz, plus connu sous le nom de Père Fouettard, c’est celui que nous redoutions tous ! Un homme sombre avec une grosse barbe et un long manteau de fourrure. Il nous fichait une trouille bleue avec sa voix grave, son bâton et son gros sac à la main, dans lequel il jetait les enfants désobéissants. La légende raconte, qu’il les abandonnaient au fond d’une forêt dont ils ne pourront jamais revenir !
Hans Trapp aurait bien existé du côté de Wissembourg, c’était le chevalier Hans von Trotta mort en 1503. Il terrorisait les habitants du Nord de l’Alsace !
Il accompagne aussi toujours le Saint Nicolas le 6 décembre dans les écoles, une légende qui serait, pour le coup, né chez nos voisins lorrains…
DE NOËL A NOUVEL AN
Le jour de Noël, nous dégustions une oie truffée ou une dinde, et bien évidemment une bûche de Noël pour le dessert.
Encore un rituel très ancien qui fût détourné au fil des siècles. Un tronc d’arbre était toujours brûlé symboliquement le soir du réveillon dans la cheminée ou dans le Kacheloffe (poêle à bois). Pour garantir de bonnes récoltes l’année suivante, il ne fallait pas que la bûche s’éteigne pendant la messe de minuit !
Les jours suivant Noël, voici un rituel bien connu chez les paysans : la Petite Année, S’Kleine Johr ! Il s’agit de la période du 26 décembre au 6 janvier, jour de l’Epiphanie. Chaque jour représente un mois : le 26, janvier, le 27, février, et ainsi de suite…
Ma maman a gardé cette habitude de se noter la météo de chacune de ces journées, pour avoir ainsi une prévision générale de la météo pour l’année à venir.
Le réveillon de la Saint Sylvestre n’était pas une grande fête. On allait à la messe puis on passait la soirée en famille à boire du Warmer Win, le vin chaud, et nous dégustions le 1er, le Bretzel du Nouvel An, de Neijhorsbretschdell.
Le Bretzel est devenu sucré en fin d’année avec une pâte briochée, on l’offrait pour échanger ses voeux de bonheur.
Pour découvrir nos traditions de Noël en t’amusant et en parcourant l’Alsace, tu peux participer chaque année aux Chasses aux Trésors de fin novembre à début janvier.
Je te conseille aussi L’Ecomusée durant la période de l’avent pour revivre un Noël authentique, un saut dans le passé qui me file à chaque fois des frissons tellement c’est beau et magique !
Quant à moi, il ne me reste plus qu’à te souhaiter a Scheeni Winachte, un Joyeux Noël, un a Guter Rutsch in’ Neje Johr ! Une bonne glissade vers la nouvelle année !